mercredi 20 janvier 2021

L'Écosse Tournoi IMCF 2018 Jour 4 (partie 1)


 


La journée commence en force et rapidement avec les finales, sous un ciel gris mais la météo ne semble pas avoir d’emprise sur l’enthousiasme des gens massés autour de la lice. Brendan et Dave commentent pour les spectateurs sur Internet tout en répondant aux questions de l'animateur qui s'adresse à la foule, tous les trois sont survoltés, les finales de béhourd c’est toujours très populaire!

 

Le soleil sort, Ben va commenter la fin des finales avec Dave, ils font un immense tapage alors que les Ukrainiens gagnent l'or dans la catégorie du 5 contre 5.

 



Tout le groupe de Québécois est avec notre équipe féminine, et bien sûr, il y a nos amis les Belges qui soutiennent depuis toujours nos Québécoises. Il ne manque qu'Andrew qui est plus absent que jamais, je me demande même s'il est encore sur le terrain. Peut-être est-il parti avec Annie. J'ai l'intuition que c'est sa dernière année dans l'équipe, il n'est plus vraiment motivé et mine de rien il approche la cinquantaine, à cet âge, si on veut continuer ce sport, faut faire beaucoup d'exercice pour garder un bon cardio et s'entrainer souvent au combat, deux choses que notre vétéran ne fait presque plus. Sa stature l'a toujours beaucoup avantagé, mais depuis un an ou deux, le sport a fait un bond en avant, les combattants commencent à développer une expertise. Ceux et celles qui le prennent au sérieux, s'entrainent avec assiduité en appliquant diverses techniques normalement réservées à d'autres sports de combats et élèvent toujours la barre un peu plus haute. Pour compétitionner sérieusement, ça prend maintenant plus que des gros bras, et le désir de faire du « GN*extrême » (LARP*) n'est plus suffisant. On voit davantage d'athlètes émerger au sein du béhourd et les compétitions sportives sont de plus en plus enlevantes.

 

Les Québécoises qui sont en train de se préparer, pendant que l’Ukraine affronte les États-Unis, en sont d’ailleurs un bon exemple. La bonne humeur est contagieuse, les filles sont presque certaines de gagner encore une médaille, mais bien entendu, elles visent l'or et voudraient maintenir leur titre de championnes du monde pour une troisième année consécutive. 

 

L'Ukraine gagnent! 

 

Les Québécoises entrent en piste contre la Finlande. Béné, Cloée et Gab s'avancent dès le signal de l'arbitre. Béné engage un combat mais tombe avec son adversaire, reste Gab et Cloée qui luttent durant cinq longues minutes contre des adversaires qui se contentent de s'accrocher à la lice, faudrait instaurer une règle qui interdit ça! Cinq minutes à essayer de les décrocher, ça rend un combat ennuyant pour le spectateur.

 

Finalement Gab tombe, et pour une raison qui m’échappe les arbitres mettent son adversaire au sol, reste Cloée plus petite que la costaude qui se tient dans la clôture, elle finit par tomber en amenant son adversaire, heureusement pour une nulle.

 

Deuxième round, Marie-Pier, Béné et Fanny, s'avancent au milieu pour rencontrer leurs adversaires. Béné tombe avec son adversaire, Fanny incapable de se servir de son hallebarde, emprisonnée sous le bras de son adversaire, décide de cogner à coups de poing 5-6 bons coups de poing au visage...du casque, évidemment.  La foule aime ça! La Finlandaise est beaucoup plus massive que Fanny qui néanmoins se bat avec une grosse hache à deux mains. De son côté, Marie-Pierre tombe avec son adversaire, laissant seule Fanny qui est maintenant pliée en deux. Son adversaire s'appuie dessus et essaie de la faire tomber en l’écrasant et la chevauche en tenant sa tête entre ses jambes mais pour avoir vu Fanny lors de nos qualifications au Québec, elle peut tenir très longtemps dans cette position même si son adversaire est costaude. Pour le public, le spectacle est disons comique, car la Finlandaise dans son effort pour la faire tomber, « zigne » carrément sur la tête de Fanny. À la grande surprise de tout le monde et surtout de son adversaire, Fanny réussit à se dégager suffisamment pour s’avancer et faire perdre l’équilibre à sa tortionnaire, ce qui fait qu’elle tombe mais son adversaire aussi, donc encore une autre nulle.

 

Nos filles nous prouvent une fois de plus à quel point elles sont de bonnes combattantes et qu’elles sont résistantes. Elles donnent tout un show!! On est hors d’haleine

 

Troisième round, Cloée, Marie-Pierre et Gabrielle s'avancent, choisissant chacune une adversaire, rapidement Cloée et Gabrielle tombent en entrainant leur adversaire au sol, laissant Marie-Pier se battre en solo. Marie-Pier, malgré sa main cassée, lutte encore de nombreuses minutes sur la lice, cette foutue lice qui rend les combats longs et ennuyant car beaucoup de combattantes en ont fait une stratégie: S'accrocher et essayer de rester debout, tandis que l'autre s'épuise. Marie-Pier avec sa masse à deux mains recule dans le milieu de la lice, forçant son adversaire à sortir de sa zone de confort. 

 

Après d’interminables minutes de combats qui finissent par revenir sur les abords de la lice, les arbitres observent que l’armure au bras de la Finlandaise est brisée, un bras qu’elle avait encore d'accroché à la lice, elle est donc disqualifiée et cela donne le round aux Québécoises. 

 

Pour le quatrième round, le trio plus expérimenté, Béné, Cloée et Gabrielle, qui s'avance en bloc rapidement. Gabrielle fonce sur une Finlandaise et la fait tomber immédiatement, les voilà à 3 contre deux, Gabrielle se sacrifie avec l'une des deux, reste Cloée et Béné contre la dernière. Cloée frappe sans pitié avec sa grosse hache à deux mains, c’est fou comme elle frappe fort cette fille, on entend chaque coup sur l'armure. Béné finit par se sacrifier en l'entrainant en sachant que Cloée encore debout leur assurera la victoire. Les Québécoises ont gagné le quatrième round et ainsi le match contre les Finlandaises.

 

La foule est enthousiaste, y a un combattant allemand qui prend le deuxième drapeau du Québec et paradent joyeusement avec « Moustique-Karin », tous les deux tenant leur drapeau à bout de bras. L’équipe féminine québécoise est toujours très populaire.

 

Elles se retrouvent maintenant en finale contre les Ukrainiennes, après que les Finlandaises et les Américaines aient dû s'affronter pour déterminer qui des deux remporteraient la troisième place. Finalement, c'est la Finlande qui gagne la médaille de bronze. 

 

Pour le match final, c'est encore notre trio Cloée, Béné et Gab qui entre en lice, nous sommes fébriles... 

 

Rapidement, et malheureusement, Cloée et Gab tombent en n'emportant qu'une seule fille au sol, Béné se retrouve seule, face à deux adversaires. Elle se défend bien et leur donne un peu de misère mais finit par tomber, le premier round va aux Ukrainiennes.

 

L'atmosphère est un peu tendue, si elles perdent le prochain round, elles perdent leur titre de championnes du monde, elles doivent à tout prix le gagner…et gagner le suivant.

 

Dans la lice, Gabrielle, Cloée et Fanny qui vient remplacer Béné. Rapidement Gabrielle se retrouve au sol, Fanny aussi mais en faisant tomber une Ukrainienne et une deuxième tombe aussi. Cloée se retrouve en solo contre la lice, quand l'arbitre signale un bris d’équipement chez l'Ukrainienne, Québec gagne par pure chance ce deuxième round. C'est dans des moments comme celui-là qu'on réalise l'importance d'avoir une armure en ordre sinon ça peut coûter cher à toute l'équipe.

 

L'équipe ukrainienne s'affaire à effectuer la réparation, normalement la règle autorise une minute, alors que là ça en prend 3 ou 4, les arbitres ont peut-être besoin de réviser les règles.

 

Le prochain round est LE plus important, y a de la fébrilité dans l’air, chez les Québécois c’est la frénésie! Je suis en haut avec Benoit qui commente depuis ce matin et nous sommes vraiment TRÈS excités. La voix de Benoit est de plus en plus cassée, mais ça ne l'empêche pas de crier.

 

Tout le poids de la défaite ou de la victoire repose maintenant sur le dos de Fanny, Gabrielle et Cloée qui s'avancent hardiment vers leurs adversaires! Dans un élan héroïque, Gabrielle fait tomber la première, tandis que Cloée se démène avec une autre, pendant que Fanny fait tomber la troisième, elles se retrouvent toutes les trois debout contre l'adversaire de Cloée! Elles gagnent !! Pour la troisième année consécutive, les Québécoises remportent l’or !!!!!

 

https://www.facebook.com/watch/?v=531834830867051

 

Benoit jubile au micro, moi j'ai le sourire fendu jusqu'aux oreilles et les yeux dans l'eau comme toujours quand je vois leur bonheur éclater dans tous les sens. Dans ses commentaires, Benoit en profite pour révéler aux spectateurs que Marie-Pier s’est tout de même battue avec une main cassée depuis hier. Maintenant que c’est fini, on peut le dire.

 

Les Québécois vont les rejoindre dans la lice, c’est du bonheur pur et de la fierté, tant de fierté! Les filles de concert, saluent bien bas la foule, faut dire qu’elles commencent à en prendre une habitude. La foule les applaudie très très fort, elles ont offert tout un show! L'animateur demande à Béné, la capitaine de l'équipe, de venir dire un mot, celle-ci félicite ses adversaires et donne rendez-vous pour l'an prochain qui aura lieu justement en Ukraine. 

 

 

Suivent les finales du 10 contre 10 et du 16 contre 16, ce que je ne suis pas personnellement, comme on dit « on choisit ses propres batailles ». Moi je rejoins l’équipe pour aller féliciter les filles pendant que Ben continue de commenter les dernières finales.  L’horaire est très chargé parce qu’ensuite, il y aura la cérémonie de clôture avec la remise des médailles et des trophées. 



mercredi 13 janvier 2021

L'Écosse Tournoi IMCF 2018 jour 3


 

 En me levant ce matin je constate que notre chambre fait très ambiance « mi-tournoi » c’est-à-dire, beaucoup de vêtements éparpillés dont on ignore ce qui n’est plus portable, ce qui peut dépanner et ce qui est propre mais qui a été sorti rapidement d’une valise et lancé quelque part dans la pièce, la spécialité de Benoit. D’ailleurs celui-ci est beaucoup moins « paquet de nerfs » maintenant qu’il n’a plus à se battre, qu’il n’a plus à coacher et que le tournoi roule bien. Aujourd’hui, sa priorité c’est de commenter les combats, surtout ceux de notre équipe féminine, va-t-elle remporter l’or encore cette année? C’est beaucoup de pression pour Gabrielle qui est aussi duelliste dans la catégorie épée et bouclier, mais Dan, son amoureux est là pour la soutenir et soutenir l’équipe. Du côté des hommes, Yan est duelliste dans la même catégorie.

 

En bas, dans la salle à diner, nous déjeunons au milieu des écrans de télé qui nous renvoient les points forts de la veille par le biais de l’émission quotidienne du matin de la BBC. Dire que chez-nous au Québec, pas un journal ne parlera de notre équipe qui gagne des médailles sous le fleurdelisé ou d’un Québécois qui gère une fédération internationale d’un sport d’abord européen. Personne ne parlera de ce Québécois qui travaille plusieurs centaines d’heures par année, bénévolement, pour produire ces tournois gigantesques en collaboration avec des châtelains, des gouvernements ou des organismes municipaux depuis 3 ans. Et surtout que ces tournois attirent 500 combattant(e)s provenant d’une trentaine de pays. Nul n’est prophète en son pays que l’on dit. Ouans c'est plutôt ne pas vouloir regarder l’éléphant dans la pièce.

 

Nous ne trainons pas et traversons à nouveau le petit chemin qui nous mène sur le terrain du tournoi.


 

Il fait encore un temps magnifique, la météo annonce du beau temps pour encore plusieurs jours, ce qui est assez inhabituel en Écosse, faut croire que nous apportons toujours le beau temps avec nous lors des tournois. L’an dernier au Danemark, nous avions eu une semaine complète d’ensoleillement avec des températures de 22-25°celcius.




 

Les combats des duellistes commencent alors que nous arrivons aux abords de la lice, le commentateur écossais, malgré qu’il soit vêtu en civil, est pas mal bon finalement. Notre méfiance en début de tournoi s’est rapidement transformée en complicité, il a compris que c’est un sport et le traite comme tel. Il anime superbement en soulevant la foule facilement enthousiasmée par les combats enlevants et régulièrement, pendant les moments morts, il fait de courts interviews avec des combattants pour faire patienter la foule et mieux encore, l’éduquer à propos de ce sport.

 

Carole arrive comme toujours avec son grand sourire et son sens de l’humour imparable, elle doit retourner faire des courses, elle doit faire le plein de jellybeans et d’oranges et m’offre de l’accompagner. J’ai justement besoin de nous ravitailler jusqu’à demain soir, alors j’accepte volontiers, et après avoir prévenu Ben, nous partons faire des courses en ville, toujours aussi costumées, colorées et de bonne humeur.

 

À notre retour, les duels sont déjà terminés, Yan a fini ses combats et ne s’est malheureusement pas qualifié, alors que Gabrielle a remporté son pool elle va donc en quart de finale en début d’après-midi. La journée va être intense pour elle puisqu’elle devra poursuivre avec les combats de béhourd.


 

 

Je vais partager l’euphorie ambiante à notre campement tout en préparant un petit gueuleton que nous mangerons en après-midi en haut dans la chambre des commentateurs. Benoit y est depuis un bon moment avec Dave pour la suite du 5 contre 5, la catégorie la plus longue parce qu’il y a plus d’équipes participantes. Aux micros, le duo écossais-québécois très animé et haut en émotions tient la foule stimulée.

 

Je laisse le groupe pour aller rejoindre Benoit en emportant un cidre bien froid pour lui. Au même moment, Brendan vient remplacer Dave, il est plus calme et posé, tous deux font un excellent travail en collaboration avec l’animateur en bas. Les combats deviennent de plus en plus excitants à suivre.  



 

 



 Quand les quarts de finales commencent, nous descendons un peu dans la foule, laissant Brendan poursuivre seul. On en profite pour aller voir Gabrielle gagner contre l’Espagnole, elle semble encore en pleine forme.  

 

On jase, on prend des photos, on relaxe…


 

Gabrielle gagne contre la Danoise, toujours bien entourée de son amoureux et coach Dan, de son amie Béné et bien sûr de la majorité des Québécois. Puis en demi-finale elle gagne contre l’Anglaise et se retrouve nez à nez avec l’Ukrainienne, donc l’or ou l’argent!

 

 

Elle rayonne, et ne semble pas trop souffrir de ses combats aussi rapprochés, parce que c’est ce qui arrive, plus on se rapproche du podium, moins il y a d’adversaire et plus les combats arrivent vite. Mais déjà elle entre dans la lice et mon p’tit doigt me dit qu’elle va remporter celui-là aussi.   

 

 

  

 

Et, après deux rounds, sous les « Québec! Québec! Québec! » de l’équipe, de la foule, Gabrielle gagne l’or! C’est la joie! Dom brandit bien haut notre drapeau et court faire un grand tour de lice. Bravo Gabrielle !! Sur cinq catégories de duels auxquels ils participaient, les Québécois(e)s ont remporté quatre médailles dont deux d’or! Nous sommes si fiers d’elles et de lui.






Mais notre championne n’a pas beaucoup de temps après la pause, les combats féminins commenceront, et elle fait partie de l’équipe. Après l’avoir félicité chaudement, nous retournons là-haut, Benoit tient à commenter cette partie du tournoi. Il n’a pas à être neutre puisqu’il n’intervient aucunement dans l’arbitrage, et même s’il est fier de notre équipe, il ne tarit jamais d’éloges, d’anecdotes et de commentaires constructifs et informatifs sur les combattants qu’il connaît, peu importe d’où ils viennent, c’est-à-dire, à peu près tout le monde.

 

Je m’installe confortablement, d’où je suis, je verrai toute l’action, sans aucune tête qui me bloque la vue et à l’ombre, le bonheur! Benoit me suggère aussi la minuscule chambre juste à côté, je pourrai me promener d’une fenêtre à l’autre pour différents angles de photos. D’ailleurs Caroline, notre photographe y est déjà, Ben lui a offert cette place parce qu’elle n’arrivait pas à faire son travail en paix. En effet, comme elle est toute petite, elle se faisait constamment pousser par d’autres photographes ou journalistes, sans gêne et sans scrupule, malgré son identification à son cou.

 

On annonce le début des combats, Benoit s’installe au micro et moi je vais saluer Lady Murray qui passe dans le couloir avant qu’elle n’aille s’installer elle-même à une autre fenêtre, puis je vais m’assurer que Caroline n’ait besoin de rien. Je reviens m’asseoir juste à temps pour voir Karin porte drapeau de l’équipe féminine, s’avancer dans la lice et faire un tour de lice, voilà l’équipe du Québec qui affronte leur plus féroce adversaire, l’équipe de l’Ukraine. S’avancent, Cloée, Béné et pour la première fois Marie-Pier.

 

L’arbitre s’assure que les deux équipes sont prêtes et crie « fight »!

 

Les filles s’engagent, et s’affrontent, Béné tombe avec son adversaire, Cloée en fait tomber une deuxième, puis agrippe la troisième qui lutte contre Marie-Pier, Cloée tombe et l’entraine avec elle, fin du premier round remporté par notre équipe!

 

Deuxième round, Fanny maintenant, qui débute comme Marie-Pier dans l’équipe. Elle est accompagnée de Gabrielle et de Béné. Les filles se dispersent dès le début, Béné tombe en entrainant au sol son adversaire, Fanny est mise au sol par une des deux Ukrainiennes debout. Gabrielle se retrouve contre la lice assaillie par les deux autres combattantes et leur résiste étonnement longtemps, elle qui a fait des combats toute la journée. Le gain va à l’équipe adverse.

 

Elles doivent donc faire un troisième round pour déterminer qui va gagner. On envoie le trio de vétéranes : Cloée, Béné et Gabrielle qui s’engagent avec assurance sur leurs adversaires. Elles s’avancent d’un même concert en les acculant dans un coin. Gabrielle lutte et amène son adversaire avec elle au sol, Cloée fait de même, reste Béné contre la lice qui succombe à son adversaire. Les Ukrainiennes remportent le combat. Mais à ce stade-ci, la médaille d'or n'est pas encore en péril.

 

    

 

Au bout d’une trentaine de minutes, nos filles reviennent et cette fois, contre les Françaises. Karin et la porte drapeau française viennent agiter leur drapeau dans la lice. Béné et Gabrielle s’avancent côte à côte au milieu et Cloée longe la lice comme elle le fait souvent pour prendre de côté. Les trois, chacune à leur adversaire, Gabrielle en fait tomber une, Cloée lutte un moment contre la sienne et finit par l’amener au sol avec elle, reste Gabrielle et Béné contre la dernière qui s’installe sur la lice, Béné s’accroche à elle pour la faire tomber, mais son épée glisse de derrière la tête et elle tombe par inadvertance, laissant Gabrielle seule avec la Française qui ne fait que résister sans trop bouger en s’agrippant à la lice. Gabrielle frappe et frappe encore, incroyable qu’elle ait encore autant d’énergie après deux minutes de combat, l’arbitre doit intervenir parce que la Française s’agrippe illégalement pour s’empêcher de tomber. Mais Gabrielle continue de distribuer coup sur coup avec son arme ou son bouclier, un moment la Française s’appuie de tout son poids sur Gabrielle qui est littéralement pliée en deux, mais Gabrielle réussit à se sortir au bout de quelques secondes et revient à la charge en frappant encore au corps et aux cuisses, son adversaire s’accroche encore à la lice et l’arbitre doit encore mettre son bâton sur le bras coupable de la Française, elle vient donc s’appuyer encore sur Gabrielle, c’est à croire que c’est sa seule façon de gagner. Cette fois, ça parait mal, plusieurs secondes, puis miraculeusement Gabrielle réussit une fois de plus à sortir de sa prise. La foule hurle d’excitation! Gabrielle revient à la charge, les adversaires luttent puis Gabrielle contre tout espoir empoigne son adversaire et la fait valser au sol. Wow! Elle a lutté presque trois minutes, seule à seule, trois minutes c’est très long!

 


       

 

 

Deuxième round : Marie-Pier, Fanny et Cloée

 

En quelques secondes Fanny et Marie-Pier en font tomber deux, Cloée qui lutte n’a pas le temps de distribuer des coups, trois contre une, le combat est arrêté, ça ne fait même pas 20 secondes que le round a commencé. Les rounds se suivent mais ne se ressemblent pas.

 

Québec gagne contre la France!

 

Je descends féliciter les filles et jaser un brin ici et là et en passant devant une estrade, y a un monsieur qui m’arrête et me demande si on m’a déjà dit que je ressemblais à Mérida, et apparemment la moitié de l’estrade a entendu la question et éclatent tous de rire en me voyant rouler des yeux, faussement exaspérée et rire de bon cœur avec eux. J’ajoute que je n’ai malheureusement pas le fort accent écossais de la princesse rousse mais j’ai un caractère très semblable, ce qui les fait encore plus rire. Y en a un qui réplique que les Québécoises, en désignant la lice, elles sont fortes! Je lui dis avec un clin d’œil qu’il n’a rien vu encore et que demain elles vont probablement défendre à nouveau leur titre de championnes mondiales. Les spectateurs autour sont enthousiastes à mes propos et je le sens, je viens de gagner un public pour encourager notre équipe féminine puisque l’Écosse n’en a pas de toute façon.

 

On annonce le prochain combat, Québec contre Afrique du Sud. Je remonte rejoindre Benoit en haut après avoir souhaiter bonne chance à l’équipe, il est maintenant accompagné de Chris Capaldi qui commente de son point de vue de joueur de Rugby professionnel.

 

C’est Cloée Fanny et Béné qui font le premier round. Chacune s’avançant vers une adversaire, Béné lutte un moment puis tombe avec la sienne, Cloée coincée quelques secondes sous le bras de la sienne, finit par faire tomber son adversaire et venir à la rescousse de Fanny qui tient son adversaire pendant que Cloée frappe fort comme toujours, la pauvre chancelle et Fanny lui assène le coup de grâce. Premier round gagné! Elles aident toutes deux, la malheureuse assise par terre à se relever.

 

 

Deuxième round, Marie-Pier, Béné et Gabrielle entrent en lice. Elles s’avancent ensemble côte à côte, puis Marie-Pier sur la gauche passe par derrière en se dirigeant et traverse à droite complètement, j’imagine pour dérouter les adversaires. Rapidement Gabrielle en fait tomber une, puis Béné en fait tomber une deuxième et vient rejoindre Marie-Pier qui lutte de son côté, elles se retrouvent trois contre une, le combat arrête, les Québécoises gagnent contre l’Afrique du Sud.

 

Finalement leur dernier combat de la journée, encore une trentaine de minutes plus tard, est contre l’Australie. Après le petit tour de piste de Karin qui brandit bien haut le fleurdelisé, Marie-Pier, Fanny et Béné entrent en lice. Même tactique qu’au dernier combat, elles avancent ensemble puis Marie-Pier bifurque à droite. Chacune séparément, Marie-Pier se retrouve contre deux adversaires et en fait tomber une. Béné échappe son fauchon et doit courir se chercher une autre arme, c’est la règle. Fanny lutte de son côté et Béné vient rejoindre Marie-Pier pour l’aider à faire tomber une des deux Australiennes, ce qu’elle réussit mais tombe avec elle. Marie-Pier vient aider Fanny à faire tomber la dernière qui s’écroule sous les coups de hache à deux mains de Marie-Pier.

 

Deuxième round, cette fois, Cloée, Béné et Marie-Pier s’avancent dans la lice. Le combat s’engage, chacune avec une adversaire, Cloée et son adversaire tombent après quelques secondes, Béné et Marie-Pier sont forcées de lutter pour déloger leur adversaire qui restent collées sur la lice, personnellement je déteste quand les combattants se contentent de ne pas tomber, ça peut durer longtemps et devenir un peu ennuyant. Béné finit par tomber avec la sienne, reste Marie-Pierre contre la dernière Australienne.

 

Les filles sont déplacées de la lice car, le gant de Marie-Pier est coincée, le combat reprend, de notre côté nous savons que Marie-Pier s’est fracturé le cubitus près du poignet la semaine passée en Italie durant le tournoi de BOTN et a décidé de se battre quand même, nous imaginons sa douleur. Elle réussit tout de même très bien à tenir sans trop donner de coups en bougeant et en obligeant son adversaire à bouger dans le milieu. Marie-Pier est grande et athlétique, elle a un bon cardio et son adversaire semble s’essouffler, ce qui lui donne une chance de s’en sortir malgré sa main cassée. Bien sûr nous avons tous gardé le secret pour éviter que ses adversaires tournent cet handicap à leur avantage en tentant de frapper sur sa main. Au bout de deux minutes et demi, Marie-Pier réussit à la faire plier et la faire tomber. Québec gagne! Demain elles seront en finales!


 


 

 

 

On ne le dira jamais assez, pour faire ce sport, il ne suffit pas d’être fort ou comme le pensent à tort certains, d’être corpulent, il faut être en bonne forme physique, Gabrielle et Marie-Pier l’ont démontré en tenant deux à trois minutes avec une armure sur le dos, Gabrielle après une journée à faire ses duels et Marie-Pier avec une main cassée.

 

Demain, quatre équipes s’affronteront en finale, l’Ukraine, les États-Unis, la Finlande et le Québec.

 

Pour l’instant on finit la journée avec le All vs all hors catégorie qui est ouvert à tous, d’abord chez les femmes ensuite chez les hommes. Je suis curieuse de voir si nos Québécoises y participent, je pense que ce serait une mauvaise idée d’aller risquer d’être blessée la veille des finales. Néanmoins je vois un tabard du Québec s’avancer dans la lice, mais je ne reconnais pas le casque…pour une bonne raison, c’est Charles qui essaie de s’immiscer dans le combat de filles. J’en informe Benoit en riant, qui le dénonce au micro, Charles lève les bras dans un geste comique de grande déception, ce qui fait rire la foule qui s’attarde encore dans les estrades. Elles sont une vingtaine à venir s’amuser et pour cause ce sont toutes des combattantes qui sont éliminées des finales.


Tout de suite après, une cinquantaine de gars clôture la journée avec leur All vs all, ces combats de fin de journée permettent aux adversaires d’être aussi, le temps de quelques rounds, dans la même équipe. Il ne faut pas oublier que la fédération c’est une communauté qui se côtoie chaque année au tournoi international comme celui-ci, dans d’autres tournois comme ceux où nous sommes allés déjà (Irlande, Japon, Argentine, E-U, etc.) mais aussi sur les réseaux sociaux, donc ça va de soi que la plupart des combattants et des arbitres se connaissent de près ou de loin.

 


 

 

 

mardi 15 décembre 2020

L'Écosse Tournoi IMCF 2018 jour 2

 




Aujourd’hui, y aura les combats en épée longue et une partie des combats en équipe de 5 contre 5, l’équipe du Québec fait partie de ceux qui combattront en fin d’après-midi. Pour ce qui est des duels, Béné se présentera pour une quatrième année. En 2015 elle avait remporté l’or en Pologne et encore l’année suivante au Portugal. Au Danemark, l’an dernier, celle-ci, avait subi une cuisante défaite en ne se classant pas. Comment ça se passera cette année? Andrew, normalement notre duelliste à l’épée longue, a laissé la place vacante cette année et personne ne s’est présenté pour le remplacer. Malheureusement, je ne pourrai suivre les premiers combats car je dois absolument m’occuper des sacs de t-shirts commandés par les équipes, qui sont arrivés depuis quelque jours et qui traînent dans un coin de la grande tente. Hubert et Benoit me l’ont demandé car le reste du présidium est occupé ailleurs et qu’ils ont besoin d’une personne de confiance capable de le faire rapidement, pour ensuite les remettre aux équipes.




Donc après avoir pris notre déjeuner ensemble, nous prenons chacun notre bord une fois rendus sur le chemin qui mène au palais. Benoit va à la lice et moi à la grande tente. Je dois à partir de ma liste de commandes, faire les paquets de chaque équipe, comprenant le chandail selon la grandeur avec un poster et une agrafe du logo de l’IMCF. Tout a été mis dans deux gros sacs posés entre le panneau de la tente et une longue table, l’urgence de les livrer rapidement est autant parce qu’ils risquent de prendre l’eau que d’être volés. Mis à part moi et le barman, seulement quelques Français occupent les lieux. Ces derniers semblent accompagner normalement l’équipe, ce matin, ils sont visiblement plus intéressés à boire un verre qu’à regarder les combats qui se déroulent à l’autre bout du terrain. C’est tranquille, ça devrait aller assez vite.

 

Je me dis au bout d’un moment que ce serait bien que des membres des équipes passent chercher leur paquet, comme je n’ai pas de boîte ou d’autres sacs, je suis bien obligée de faire des piles identifiées sur la longue table. Quand j’ai terminé, j’attends que Benoit passe ou quelqu’un qui puisse me relayer, le problème c’est qu’on n’a pas pensé à avertir qui que ce soit. La grosse tente est assez isolée, dans le champ près du campement écossais, mais à cette heure-ci, pratiquement tout le monde est là où y a l’action. Ma bouteille d’eau est vide, le bar est excessivement cher, j’ai faim, j’ai besoin d’aller aux toilettes, je n’ai pas de radio pour appeler, qu’est-ce que je fais? Il pourrait se passer encore quelques heures avant que j’obtienne du renfort. Bon alors que je décide de quitter avec, dans ma sacoche, la commande de l’Ost du Québec, Ben arrive justement pour qu’on puisse aller manger un morceau. Je lui montre les piles judicieusement revérifiées au moins 3 fois, et nous décidons finalement de les laisser là, on ne peut pas tout faire. On va avertir les capitaines pour qu’ils passent les chercher à la tente le plus vite possible on va se fier sur l’honnêteté de chacun.

 

Ben m’annonce que Béné est sortie de son pool, elle va en quart de finale cet après-midi, yeah!


 

Il fait encore un soleil radieux aujourd’hui et y a du monde partout, autour de la lice c’est tellement paqueté que plus de la moitié du public est installé confortablement par terre et suit les combats directement sur l’écran géant. Pour l’instant, c’est la pause du diner et les deux foodtrucks font des affaires en or, y aurait certainement pu y en avoir au moins deux autres, mais Stephen, comme pour la location de sièges, a sous-estimé le nombre de spectateurs durant le tournoi. J’imagine que demain et dimanche, ça va augmenter encore, mais nous avons fait notre part du contrat, la responsabilité des infrastructures, ça ne nous appartient pas.

 

   Nous croisons Carole qui doit aller en ville faire des courses et elle m’offre de l’accompagner si j’ai besoin d’y aller aussi, justement ça tombe bien! Ben s’en va pour commenter les combats en haut. Je manquerai le début du 5 contre 5, mais je devrais être de retour pour voir Béné, je saisi l’occasion d’aller en ville, on a toujours plein de trucs à acheter quand on se retrouve loin des épiceries et des magasins. Carole est absolument adorable, nous discutons, même si je cherche toujours mes mots en anglais, mais elle-même pratique un peu de français, c’est fou comme les barrières linguistiques tombent rapidement quand on s’amuse. Évidemment nous sommes costumées, et, attirons tous les regards même si les gens de Perth savent qu’il y a un tournoi là-haut au palais de Scone.

 

Une fois à l’intérieur, je prends un temps fou, j’aime déambuler dans les allées de supermarché, peu importe le pays où nous allons, je ne manque pas une fois d’y aller. C’est là qu’on en apprend le plus sur la population locale, les habitudes alimentaires, leur façon de gérer (ou pas) leurs enfants dans les allées, si on cuisine beaucoup ou on mange beaucoup de surgelés, si on se soucie des allergies, du bio, du local, etc. C’est un peu comme aller faire un tour dans la cour arrière du voisin, c’est le quotidien, c’est là où s’achète le papier de toilette, le savon à linge, le 5 livres de patates et la viande. Il y a moins de touristes et une plus grande concentration de locaux. On trouve d’ailleurs beaucoup de produits provenant d’Écosse ou du moins des îles britanniques. Moi, c’est immanquable, je fais chaque fois, ma provision de cheddar! Carole, elle, fait une razzia d’oranges et de jellybeans, entre deux rounds, elle en approvisionne toujours son équipe et les pique-assiettes qui tournent autour…dont moi. C’est une femme qui donne sans jamais compter, le genre de personne qui ne peut pas avoir d’ennemi.

 

Nous revenons alors que les duels ont recommencé et j’apprends que Béné a gagné en quart de finale contre la Polonaise et qu’elle affrontera dans une vingtaine de minutes la Suédoise. Ça me donne le temps d’aider Carole à porter ses sacs à leur kiosque et de laisser mes achats dans notre tente.

 

Je me laisse distraire en chemin, ça arrive tout le temps, soit on cherche Benoit, soit je croise des connaissances ou seulement parce qu’on veut prendre des photos avec «Merida» (moi). Je retrouve avec joie Donna, la femme de Dave qui nous avait accueilli chez elle lors de notre première visite en Écosse. Elle est en costume au kiosque de la SKL (ligue écossaise de combats) et je retrouve aussi avec bonheur son gros toutou D’Argo.

 

 Là j’apprends que Béné vient de perdre en semi finale et qu’elle a un prochain duel contre la Sud-africaine pour déterminer qui gagnera la troisième place.

 

Cette fois, je reste au campement avec Ben qui vient se changer avec ses co-équipiers, après les duels qui s’achèvent, c’est eux qui prendront la relève. Je l’aide un peu avec son armure et lui offre quelques trucs à grignoter et à boire

 

 Entre temps, une partie du groupe, accompagné de Belges, reviennent tout triomphant : Béné a gagné la médaille de bronze, troisième médaille pour le Québec. Formidable! Bravo Béné!

 

Presque tout le monde est là pour manger, récupérer, se préparer, réparer une pièce ou prendre un peu d’ombre, j’en profite pour remettre les tee-shirts, les pins IMCF et les posters à ceux et celles qui en avaient commandé.








Le béhourd en 5 contre 5, catégorie de plus en plus populaire, est commencé. En fin d’après-midi, notre équipe affronte celle de la Finlande, c’est un massacre, notre équipe ne gagne pas un round. Ce n’est pas vraiment une surprise, elle n’était pas bien préparée : organisée à la dernière minute; des combattants qui annulent à quelques mois du tournoi; des vétérans trop confiants; des nouveaux; du monde pas habitué de travailler ensemble; des restants de préjugés causés par des chicanes antérieures. Mais une chose est sûre, si l’équipe réduite à six, a manqué de préparation en tant que combattants, l’équipe entière (tout le groupe de Québécois.ses) se soude formidablement pendant ce voyage. Une franche camaraderie dans cette belle cohésion comme je n’en ai jamais vu avant cette année, à mes yeux, ça en fait une équipe gagnante. Et c’est ça le secret d’une équipe qui gagne, les gens travaillent ensemble et non pas chacun de son côté pour essayer de prouver quoi que ce soit.

 

C’est sans grande surprise alors si nos gars perdent aussi contre l’Australie et les États-Unis, mais nous sommes là pour les soutenir. Faut voir le positif, il n’y a plus de pression en ce qui concerne leur performance, ceux qui le veulent pourront toujours participer aux grands combats amicaux en fin de journée (All v/s all), comme celui qui débute dans quelques minutes.  Andrew et Charles sont les seuls qui décident de participer pour un round. Ce sera pour Andrew de courte durée, avant même de pouvoir commencer, il est mis hors combat à cause d'une pièce d'équipement déficiente.  

 






Dans cet univers fortement médiéval européen, les asiatiques, sont toujours un sujet de curiosité chez les spectateurs mais aussi dans la communauté IMCF.

 

Cette année, nos amis japonais n’ont malheureusement pu venir mais nous avons un duelliste thaïlandais et une équipe complète de Chinois. Ils sont partout, ils apparaissent évidemment comme très exotiques, comme l’avaient été les Japonais il y a quelques années. Ils ont une super bonne attitude et ils sont acceptés rapidement dans la communauté. Plus tôt dans la journée, ils ont attiré l’attention sur eux lors de leur combat contre les Luxembourgeois, lorsque le capitaine dans une crise de panique, a subitement ôté son casque quand il s’est retrouvé au sol. Ce qui est hautement dangereux tant que le round n’est pas terminé. Il est fréquent qu’un combattant tombe sur ses camarades au sol ou qu’une arme s’accroche ou tombe n’importe où, faut donc garder son armure sur soi. Spontanément l’un des combattants de l’équipe du Luxembourg, Misch, déjà au sol a eu la vivacité d’esprit de protéger la tête du capitaine chinois à l’aide de son bouclier.

 

Notre photographe Caroline a su capter ce magnifique moment, qui montre la fraternité et le fairplay si présents à l’IMCF.


 

   

    

mardi 8 décembre 2020

L'Écosse Tournoi IMCF 2018 jour 1





Ce matin, je laisse Benoit partir devant, tellement il est stressé…et stressant, et même si je comprends pourquoi, je pense que c’est mieux pour nous deux. J’en profite pour faire l’inventaire de ce que j’ai dans la chambre qui pourrait m’être utile aujourd’hui : bouffe, chargeur, crème solaire, etc. Je descends manger et je croise Julia qui me donne les broches commandées au printemps pour mon équipe. Je vais pouvoir leur remettre ce matin, tout le monde devrait être au campement en train de se préparer pour la cérémonie d’ouverture.

Je ne tarde pas dans la salle à manger et file rejoindre ma gang. Comme pour se faire pardonner pour les deux dernières journées grises, humides et venteuses, Mère nature a décidé de nous offrir un beau matin ensoleillé. Le fond de l’air est frais, c’est une bonne chose si ça reste ainsi pour le reste de la journée, mais bon ce serait inhabituel pour l’Écosse.








Je suis tout de même surprise de voir autant de voitures pour la cérémonie d’ouverture du tournoi. Celles-ci s’agglutinent tranquillement dans le stationnement aménagé pour l’occasion, dans le champ entre notre hôtel et l’une des entrées. Comme toujours, je montre par réflexe mon bracelet IMCF qui nous est distribué et qui permet d’entrer et sortir du terrain librement sans payer. Mais le port de notre costume s’avère bien souvent, notre premier laisser-passer le plus efficace, moi, c’est surtout par mes cheveux que le «staff» me reconnaît.

J’arrive au campement, l’ambiance est très joviale, nos amis belges et québécois bavardent tranquillement, certains (Karin, Gabriel, Louis-Alex, Charles, Fanny, Marie-Pier et Sébastien) pour qui c’est leur premier tournoi mondial IMCF, font connaissance avec les Belges. Je cherche Andrew, où est Andrew? Nous n’avons pas eu de nouvelle encore, il devrait être ici pourtant. J’essaie de rester calme, peut-être que Ben sait où il est.








Je distribue des becs, des accolades et les broches à ceux et celles qui m’en avaient commandé. C’est beau de voir notre campement, une belle famille belge et québécoise qui se retrouve chaque tournoi depuis Malbork en 2015. On s’aime tant! Andrew arrive justement avec Annie, enfin! Il est à moitié armuré, conscient qu’il arrivait pas mal tard pour se préparer, toutefois, comme il n’avait pas reçu encore son bracelet, il a dû un peu s’obstiner à l’entrée, ce qui l’a retardé encore plus.


Les journalistes circulent autour, notre campement est du côté de la grande porte, là où passera le cortège. La BBC est là aussi avec leur journaliste, qui est train de mettre l’armure avec laquelle il fera un combat amical dans une heure au sein de l’équipe écossaise, contre l’Ost du Québec. Il est nerveux, il n’est plus certain de vouloir le faire, nos filles le rassurent et l’aident dans sa préparation. Pendant ce temps, ils en profitent pour faire des courtes entrevues avec Gabrielle et notre amie la championne de l'équipe irlandaise, Lara. On entend les cornemuses et les tambours du groupe Clann an drumma qui nous accompagneront durant les quatre prochains jours. C’est magique!




Une partie de l’équipe s’en va prendre place de l’autre côté de la porte pour la cérémonie d’ouverture, on a demandé à tous de limiter le nombre de personnes car nous avons un horaire très chargé à respecter. Nous avons 31 équipes à faire défiler, plus, une nouveauté cette année, quelques reenacters sur leur monture. De toute façon, aussitôt que la cérémonie sera terminée, nous enchainerons tout de suite avec le combat amical pour la BBC. Cette couverture de la BBC est très importante pour nous car, toute la semaine, il y aura une petite capsule de quelques minutes à propos de notre évènement à l’émission du matin à la télévision. C’est une belle visibilité pour l’IMCF, une occasion pour parler de notre sport et pourquoi pas pour déboulonner certains mythes tenaces.

https://www.youtube.com/watch?v=JALiqmv02ZU  ( IMCF Breakfast) 

Les gars de notre équipe vont en profiter pour finir de se préparer, et moi je me place sur le bord de l’allée pour bien voir le défilé, j’ignore où est Ben mais comme il veut se battre tantôt, je devrais le voir bientôt. Les cornemuseurs entament le mouvement et ouvrent la marche, suivis des chevaux puis des équipes derrière le drapeau de leur pays. Comme à l’accoutumée tout ce beau monde forme un cortège qui pénètre ensuite dans la lice…sauf les Ukrainiens qui n’arriveront que ce soir.

Hubert, notre président, ouvre avec un discours et Lady Murray nous souhaite la bienvenue, le discours n’est pas trop court ni trop long, normalement ça a tendance à s’éterniser parce qu’il y a plus d’officiels qui prennent la parole. Aussitôt que la lice est vide, les deux équipes sont prêtes ou presque…je vois arriver mon homme en moitié d’armure et les garcettes en l’air! En colère parce qu’il a dû faire revérifier son arme à l’inspection et parce qu’il n’y avait plus personne au campement pour l’aider à mettre son armure. Normalement, tout le monde est toujours en retard, mais il avait tant insisté sur l’importance, cette fois-ci, pour la télé, d’être prêt et en place, qu’il s’est un peu tiré dans le pied. Moi je lui avais offert mon aide plus tôt mais à ce moment-là, il avait plus important à faire, évidemment.

Donc, il est en mode panique mais il est conscient qu’il va devoir passer son tour et laisser les autres faire le combat sans lui, c’est quand même juste un combat amical. Les gars s’efforcent de faire un beau show même s’ils doivent se retenir et faire attention à la caméra installée sur le casque du journaliste. Andrew, comme toujours impressionne par sa taille et en combattant vétéran pour le Québec avant même la fondation de l’IMCF,  sait comment gagner la foule.


 
https://youtu.be/029pguDPWLk 

(BBC Sports Presenter Mike Bushell becomes a Medieval Knight at Scone Palace, during IMCF 2018)


Après le « sympathique combat », l’avant-midi est consacré aux duels à la hallebarde, féminin et masculin, donc c’est Cloée et Dom qui vont concourir aujourd’hui, la seule autre catégorie étant le 10 contre 10. Benoit coache personnellement Cloée, comme toujours. Notre championne conservera-t-elle sa place de championne mondiale cette année? Dom se classera-t-il? Remportera-t-il une médaille? On retrouve dans le pool de Cloée, la Canadienne, l’Ukrainienne et l’Anglaise. Tandis que Dom de son côté affronte, l’Américain, l’Australien et l’Espagnol.






À 13:00 heures, nos deux duellistes nous ont donné de très bons combats, sont sortis de leur pool et vont en quart de final après les combats de 10 contre 10 en fin d’après-midi. Cloée n’a pas perdu une seule fois, elle a donc gagné ses trois combats en deux rounds.

Nous avons une demi-heure de lunch, c’est la bonne humeur au campement! Je retrouve Benoit pour quelques minutes et je lui donne quelques trucs à manger. Je le raccompagne jusqu’au château, il veut me montrer la pièce des commentateurs où il sera bien souvent. Aussi, il veut que le gardien de sécurité puisse m’identifier quand je voudrai le rejoindre là-haut.

       Dans le hall, je reconnais le musée que nous avons visité en novembre dernier lors de l’Assemblée générale, mais cette fois-ci, nous empruntons l’escalier de droite qui mène à une section privée du palais, nous montons aux chambres, minuscules, qui devaient probablement loger les domestiques au début du siècle. Elles ont gardé un cachet vieillot tout à fait charmant. Une table moderne a été disposée au milieu pour le temps du tournoi, elle prend presque tout l’espace et jure un peu avec le petit lit et la commode. Les deux chaises des commentateurs sont à la fenêtre avec les micros dont les fils sont tapés au sol sur l’épais tapis et qui sont branchés quelque part dans l’étroit corridor. Y a du monde partout en bas! Wow!

Avant de redescendre pour voir les combats de 10 contre 10 qui vont bientôt commencer, j’en profite pour brancher mon chargeur avec mon adapteur. Je reconnais quelques-uns des nôtres autour de la lice, d’autres dans les rares sièges vacants, laissés par des spectateurs probablement partis manger au kiosque de burgers. Une partie du groupe s’est installée au soleil du côté de la tente d’arbitre, là où les combattants se préparent juste avant les combats, je vais les rejoindre. Il fait beau soleil mais pas trop chaud, on est super bien! On s’amuse et on prend des photos, c’est la première fois que je m’amuse vraiment avec notre groupe, ça augure bien pour le reste de la semaine. Ben est quelque part autour de la lice avec Hubert, ils suivent les combats.










C’est la France contre la Finlande qui s’affrontent et à un moment donné, il y a échauffourée dans un coin, un Finlandais plié en deux à 45 degrés, retenu par deux Français, qui reçoit un coup puissant à la nuque d’un adversaire. Un coup illégal qui ne passe pas inaperçu puisque le Finlandais s’écroule et tressaute au sol de manière inquiétante. En quelque secondes, les arbitres viennent créer une barrière entre le blessé et le public pour éviter une escalade de panique dans l’assistance. Les soigneurs sont autour de lui, tout le monde est en suspend attendant de connaître la sévérité des blessures.

Il n’y a pas d’ambulance sur place, l’IMCF avait demandé la présence d’une ambulance en permanence, mais Stephen avait fait faire un estimé sur le risque de blessure à partir de nos tournois précédents, comme quoi, nos besoins nécessiteraient uniquement la présence de quelques soigneurs, l’équivalent de l’ambulance St-Jean.

Heureusement, le blessé est conscient, c’est déjà moins inquiétant, toutefois, les soigneurs persistent à refuser d’appeler l’ambulance convaincus que le danger est écarté. Le hic est que ça pourrait être grave vu le coup reçu, il doit aller à l’hôpital, Stephen est d’accord avec Ben et Hubert! Finalement l’ambulance vient chercher le Finlandais pour le transporter à l’hôpital et faire un examen plus complet. Dès demain, il y aura une ambulance sur place, plus de risque à prendre.  

  Dans la foulée, Ben doit rassurer aussi l’équipe finlandaise qui ne veut plus continuer leurs combats contre les Français. C’est une garantie, l’équipe fautive aura un carton rouge avec une menace d’expulsion qui plane sur la tête de tous les co-équipiers. Ironiquement le dernier carton rouge à avoir été donné, dont je me souvienne, c’est à mon ami français, Julien. Cependant, il lui avait été retiré parce qu’il l’avait reçu injustement, victime d’une décision hâtive et expéditive de la part d’arbitres paniqués face au Néo-Zélandais blessé. Mais cette fois-ci, la faute est évidente et vue de tous, les Français vont devoir faire très attention.  

       Enfin, quand le 10 contre 10 est terminé, nos duellistes retournent en piste pour les quarts de finale, Cloée rencontre l’Allemande et Dom, l’Autrichien. Benoit est revenu aux côtés de Cloée, il se fait un devoir d’y être, et ce, depuis qu’il l’a pris sous son aile à ses débuts en 2015. Bien sûr, aujourd’hui c’est une championne, mais c’est devenu un rituel entre eux. Benoit connaît parfaitement la combattante Asperger, il sait comment lui parler et entrer dans sa bulle. Pour Cloée c’est rassurant. 


Mais pour le moment, elle n’est guère inquiète, elle remporte son combat en deux rounds! Dom gagne aussi le sien sous les cris de joie des Québécois!

En demi-finale, fait surprenant, Cloée et Dom affrontent les deux duellistes français, ils remportent de nouveau leur combat. L’excitation est à son comble dans l’Ost, nos deux hallebardiers sont en finale!

En cette belle fin de journée, Cloée remporte finalement la médaille d’or contre la Polonaise, elle a gagné depuis ce matin, tous ses rounds, aucune défaite, faut le faire! Dom perd contre l’Américain, il se retrouve en seconde place donc il remporte la médaille d’argent, première médaille chez les hommes québécois à l’IMCF!

On exulte!    

Benoit me raconte que Cloée a trouvé ses victoires un peu plates parce qu’elles ont été vraiment trop faciles, je n’ai pas de mal à le croire. On lui souhaite d’avoir un peu plus de défi pour le combat en équipe samedi.

Au campement le groupe propose d’aller souper ensemble à l’extérieur question de fêter ça. Malheureusement pour nous, y a tant à faire, c’est loin d’être fini et y a les Ukrainiens qui viennent d’arriver faut les aider à s’installer rapidement pour qu’ils puissent être prêts demain matin. Benoit va voir Dom pour le féliciter pour sa médaille et s’excuse sincèrement de ne pas les accompagner, ce qu’il comprend parfaitement. Nous les quittons un peu à regret pour aller voir où en sont rendues les choses. Le site vient de fermer, les spectateurs sont repartis, les employés du palais et les marchands de bouffe quittent à leur tour. Il reste quand même beaucoup de monde mais c’est moins bruyant, à part le cri incessant des paons qui se baladent en liberté à longueur de journée.




 Nous croisons Kateryna et Oleksii sur le petit chemin, ils sont soulagés d’être enfin arrivés, leur groupe est déjà en train de s’installer sur le terrain dans le coin des Écossais. On s’assure auprès de Louise qu’il y a suffisamment de bois pour tout le monde, il ne pleut pas mais y a plusieurs équipes qui sont allés à Battle of the nations la semaine passée qui se tenait en périphérie de Rome et il a plu durant tout le tournoi. Résultat : des combattant(e)s qui sont arrivé(e)s avec leur matériel mouillé et qui sèche difficilement, surtout les gambisons. Même si dans le jour, il fait beau et venteux, la nuit, il fait froid, et le matériel reste humide, accentué par l’humidité laissée par notre début de semaine sous la pluie intermittente.


      Après avoir fait le tour de tout le monde qui requiert l’intervention de Benoit, nous nous accordons un verre avec les Irlandais et les Écossais. On picosse un peu dans les restants du souper que Shona et Joshua ont préparé. À peine l’obscurité est tombée que nous retournons à l’hôtel accompagnés d’Hubert, nous tombons de fatigue. Oh que le lit va être accueillant ce soir!